Cette distinction a été construite en Chine à la fin du XIXe siècle et s’inscrit d’une manière générale dans la confrontation entre les conceptions occidentales du corps (médical, anthropologique, biomécanique, etc.) et les conceptions énergétiques (taoïste et bouddhiste) de la médecine traditionnelle chinoise.
En Europe, cette distinction INTERNE /EXTERNE consiste à considérer que les styles externes utilisent la force physique et la vitesse comme principes d’entraînement et les styles internes la maîtrise de la respiration, la décontraction et la lenteur pour guider l’énergie (Qi). Cette conception repose sur une connaissance des styles internes qui s’arrête au Taiji style yang popularisé en Chine après 1956 (Taiji à fonction thérapeutique), à l’ignorance des autres styles internes tels que Shunshi quan, xingyi quan, Bagua zhang, liuhebafa quan, et aux dimensions martiales de ces styles.
Cette conception erronée repose aussi sur la méconnaissance des Qi gong propres à chaque style externe.
La popularité de cette distinction est sans doute à rapprocher du désir d’intellectualiser une pratique corporelle par des notions n’appartenant pas aux domaines scientifiques mais aux domaines médico-religieux.
L’examen des applications martiales des styles internes et des styles externes montrent que les principes de base sont identiques et que seules les pratiques diffèrent.
Nous avons par commodité conservé cette distinction même si, pour les enseignants chinois des styles traditionnels, elle n’a aucun sens.
La pratique du Kung Fu Wuxing Brive est très diversifiée, ce style contient des enchainements à mains nues et avec armes (tao lu), des exercices de Qi Gong, des exercices d’assouplissements, des éducatifs variés, des textes utilisés comme moyens mnémotechniques, des qi na (techniques de saisies, de clés et de projections), des enchainements à deux (à mains nues ou avec armes), des techniques de combat (sanda) et surtout une conception de sa spécificité (gestion de la force, de l’intention, etc…) qui le différencie des autres styles.
NEIJIA, style interne :
Dans les arts martiaux chinois (gong fu) les « formes internes » s’opposent aux « formes externes » ou « dures ».
Cette opposition se fait d’abord sur l’accent mis sur un travail « interne » appelé neigong travaillé avec des exercices de qi gong plutôt qu’un renforcement « externe » musculaire. Attention cependant, aucun art martial ne peut se contenter d’un seul travail interne et très rares sont les arts martiaux chinois dans lesquels la notion de qi n’entre pas en compte, cette distinction est donc surtout une simplification d’origine plus populaire.
On considère de façon grossière que les styles internes sont les styles hérités de Wudang, c’est-à-dire des styles de parenté taoïste, par opposition aux styles dits externes hérités de Shaolin, c’est-à-dire de parenté bouddhiste.
Les pratiques internes utilisent une méthode « active » c’est-à-dire dynamique (en mouvement), contrairement à la méthode « passive » que l’on retrouve dans certains procédés de yoga où le même résultat est recherché à travers la simple méditation. Ces techniques sont pratiquées dans un but de maîtrise de l’énergie à travers des procédés respiratoires et de visualisation. Il désigne plus précisément un ensemble de méthodes destinées à contrôler, diriger, développer et régulariser le flux d’énergie en réserve dans le corps. Il débouche sur des aspects thérapeutiques du mouvement et de la respiration (pratique de santé). Il peut se concrétiser par exemple dans le Taijiquan avec des exercices lents pratiqués en solitaire, au contrôle respiratoire et à la concentration mentale.
La pratique du qi gong nécessaire à tout travail interne est comme une « gymnastique martiale » et une « méditation en mouvement », ou processus technique permettant le développement et la gestion de l’énergie interne avec effets directs sur la santé.
C’est une synthèse de mouvements de santé, d’hygiène corporelle et surtout de développement physique et mental. Il peut être pratiqué en tant que discipline principale et est un excellent outil d’introduction de séance (échauffement) et également de fin de séance. Dans cette pratique, on retrouve aussi des éléments techniques des arts martiaux et donc certaines formes animales. La plupart des styles ont un qi gong qui leurs est propre.
WEIJIA, style externe :
Tout en rapidité, en souplesse, en précision et en puissance, le kung-fu traditionnel qui recouvre des centaines de styles, est originaire du célèbre temple de Shaolin, où les moines bouddhistes le pratiquaient à mains nues ou avec armes pour se défendre des brigands et se maintenir en bonne santé.
Le Shaolin Chuan était à l’origine une méthode de formation à la fois spirituelle et pratique. Au XVIIIe siècle, les techniques des écoles de Shaolin se diversifient en postures, déplacements, blocages, coups de poing, techniques de mains et de jambes ainsi qu’en diverses techniques de saisies.
Toutes ces techniques sont directement inspirées des mouvements des animaux : boxe du tigre, de la grue ou encore de la mante religieuse…
Avec les incendies qui ravagent les temples de Shaolin au XVIIIe siècle, les styles se répandent un peu partout en Chine. Puis, deux siècles plus tard, dans le reste du monde.