Le thé et la cérémonie du thé revêtent une importance particulière dans la pratique du Kung Fu où ils symbolisent à la fois le partage et la transmission.

Cette place significative s’explique par le goût des chinois pour le thé mais surtout par l’évolution de la perception même du thé en Chine.

On attribue la découverte du thé et des vertus médicinales des plantes à Shennong / 神农. Divinité considérée comme le père de l’agriculture et de la médecine en Chine, Shennong aurait testé sur lui diverses plantes pour en observer les effets et la légende veut qu’après s’être empoisonné à la suite d’une expérimentation, il ait réussi à se désintoxiquer grâce à l’infusion d’une feuille de thé.

Après avoir été perçu comme un médicament, le thé est utilisé comme boisson sous la dynastie Han, tandis que la culture du thé se répand au Sichuan et dans le Yunnan grâce à Zhu Ge Liang / 诸葛亮, également appelé Kong Ming. En hommage à cet illustre stratège du royaume de Shu Han de la période des trois royaumes (220—265), on surnomme les théiers « arbres de Kong Ming ». Enfin, sous la dynastie des Tang, le thé accède au rang d’art au même titre que la poésie, la peinture ou la calligraphie.

Bien que le service du thé soit appelé cérémonie Kung Fu Cha / 功夫茶 en Chine, celui—ci correspond davantage à une méthode de préparation du thé qu’à un véritable cérémonial solennel comme celui qui est pratiqué au Japon. Très populaire dans la province du Guangdong, le Kung Fu Cha vise à atteindre la meilleure expression des arômes et des saveurs du thé dont on dit qu’il apaise et vivifie l’esprit. Le thé entretient d’ailleurs des liens étroits avec le taoïsme et le bouddhisme, et constitue grâce à ses vertus désaltérantes et d’éveil de l’esprit, la boisson de méditation par excellence.

Bien que la cérémonie du thé soit une pratique traditionnelle chinoise distincte du kung fu, elle partage des similitudes avec les arts martiaux en termes de discipline, de respect et de connexion avec la culture et la philosophie chinoises.

Origine et histoire : La cérémonie du thé, également connue sous le nom de « Cha Dao » en chinois, a une longue histoire en Chine remontant à des millénaires. Elle a évolué à partir des rituels de consommation de thé des anciens Chinois, devenant une pratique raffinée qui incorpore des éléments esthétiques, philosophiques et spirituels.

Philosophie et spiritualité : La cérémonie du thé est souvent associée à des principes tels que l’harmonie, la gratitude, la simplicité et la présence. Elle est considérée comme une forme de méditation en mouvement, où les participants se concentrent sur chaque aspect de la préparation et de la consommation du thé avec une attention totale.

Protocole et rituels : La cérémonie du thé comporte un protocole précis qui varie selon les traditions régionales et les écoles de pensée. Cela peut inclure des gestes rituels, des instruments spéciaux tels que la théière en argile Yixing, des ustensiles de thé en bambou et des bols à thé en porcelaine, ainsi que des chants, des poèmes ou des méditations.

Connexion avec la nature : La cérémonie du thé met souvent l’accent sur la connexion avec la nature et la saisonnalité, en choisissant des thés qui reflètent les saisons et les paysages naturels. Les participants peuvent également utiliser des objets fabriqués à partir de matériaux naturels comme le bois, la pierre et la céramique.

Échange culturel : La cérémonie du thé est également une forme d’échange culturel et de partage entre les participants. Elle favorise la communication, le respect mutuel et la création de liens sociaux, et peut être pratiquée à la fois de manière formelle et informelle, dans des contextes privés ou publics.

En résumé, la cérémonie du thé est une pratique profondément enracinée dans la culture chinoise, qui incarne des valeurs telles que l’harmonie, la gratitude et la présence. Bien qu’elle soit distincte du kung-fu, elle partage des similitudes dans son engagement envers la discipline, le respect et la connexion avec la tradition et la philosophie chinoises.

Cérémonie du thé dans la pratique du Kung Fu:

Dans la tradition chinoise des arts martiaux, notamment dans le kung fu, la cérémonie du thé peut parfois être utilisée lors de la reconnaissance formelle d’un élève par un maître, marquant ainsi le début de la relation maître-disciple. 

Signification de la reconnaissance : Lorsqu’un maître décide de reconnaître formellement un élève comme disciple, c’est un moment très significatif. Cela représente une acceptation de la responsabilité de guider et d’enseigner à l’élève les enseignements profonds et les secrets de l’art martial, ainsi que de transmettre les valeurs et les traditions qui y sont associées.

Cérémonie de reconnaissance : La cérémonie de reconnaissance peut varier en fonction des traditions spécifiques de l’art martial et des préférences du maître. Elle peut inclure des rituels symboliques, des échanges de cadeaux ou de symboles traditionnels, ainsi que des discussions sur les engagements mutuels et les attentes de la relation maître-disciple.
La cérémonie de thé qui constitue l’un des moments essentiels de la vie d’une école de Kung Fu et de celle d’un pratiquant, se réalise à travers la cérémonie du thé au cours de laquelle, l’élève s’agenouille devant son maître pour lui offrir une tasse de thé, symbole de la volonté et du respect de l’élève qui veut devenir disciple. Au cours de cette cérémonie, le disciple exprime brièvement ses motivations tandis que le Shifu lui confie quelques conseils avant de boire la tasse de thé et de recevoir l’enveloppe rouge offerte par le disciple.

Rôle de la cérémonie du thé : Dans certains cas, la cérémonie du thé est utilisée comme un cadre pour la cérémonie de reconnaissance. Cela peut offrir un environnement calme et contemplatif, propice à la réflexion et à la connexion émotionnelle entre le maître et l’élève. La délibération et la dégustation du thé peuvent symboliser la profondeur de la relation qui se forme.

Engagements mutuels : Lors de la cérémonie de reconnaissance, le maître et l’élève peuvent échanger des engagements mutuels. Le maître s’engage à guider et à enseigner avec intégrité et dévouement, tandis que l’élève s’engage à suivre les enseignements avec respect, diligence et loyauté.

Évolution de la relation : Une fois la reconnaissance effectuée, la relation entre le maître et le disciple continue de se développer au fil du temps. Le maître prend en charge le développement technique, mental et spirituel de l’élève, tandis que l’élève s’efforce d’absorber les enseignements du maître et de les mettre en pratique dans sa vie quotidienne.

En somme, la cérémonie de reconnaissance d’un élève par un maître dans les arts martiaux chinois, parfois accompagnée d’une cérémonie du thé, est un moment profondément symbolique et significatif. Elle marque le début d’une relation de mentorat et de transmission des connaissances et des valeurs traditionnelles du kung fu.